CROYANCES

Fantômes sous l'oeil des scientifiques

Certains chiffres font froid dans le dos. Plus du tiers des Américains croient en l'existence des fantômes et 13 % d'entre eux disent en avoir eu l'expérience, qu'il s'agisse d'apparitions, d'odeurs suspectes ou d'un fort sentiment de présence. Souvent, ces perceptions convergent autour de lieux précis, dont elles entretiennent la légende... Le psychologue Richard Wiseman a réalisé la première grande enquête scientifique sur l'existence des fantômes. Un groupe de 300 volontaires, âgés de 16 à 80 ans, a été réquisitionné pour vingt minutes de promenade dans les deux sites les plus inquiétants de Grande-Bretagne : les pièces du Hampton Court Palace de Londres et les fameuses chambres souterraines du South Bridge d'Edimbourg. Malgré des différences dans les conditions d'expérimentation (seuls ou en groupes, etc.), le psychologue a recueilli la même proportion de témoignages mystiques : 45 % des participants disent avoir ressenti quelque chose d'inhabituel...

S'agissait-il d'un fantôme ? Rien n'est moins sûr. Toujours est-il que, sans rien savoir du lieu ni de son histoire, les volontaires ont conforté la légende, en désignant les zones précises qu'elle stigmatise.

L'équipe de recherche ne s'est pas laissée démonter par cet étrange concours de témoignages. Dans les endroits signalés comme « hantés », les appareils de mesure employés par les chercheurs révèlent une intensité lumineuse particulière ainsi que de sensibles variations d'altitude et de champ magnétique. Dans l'étrangeté du décor, ces conditions environnementales éveilleraient des « stéréotypes », à l'origine d'expériences psychosomatiques, hallucinatoires, physiques ou psychologiques inhabituelles. En lieu et place de fantômes, il n'existerait que des personnes étrangement sensibles à certaines variables naturelles...