Faut-il reconquérir Clipperton ?

Habitée par 11 millions de crabes et des milliers d'oiseaux marins, frappée de désertification, régulièrement visitée par les contrebandiers, les pêcheurs ou les chercheurs de trésor, l'île de Clipperton ? possession française depuis 1858 ? est au centre de nombreux enjeux et appétits. En premier lieu, ceux de son voisin mexicain dont la revendication de souveraineté sur ce bout de terre de 1,7 km2 semble devenir un enjeu national. L'argument principal : « Si aucun Français n'a jamais vécu sur l'île et que des Mexicains y sont nés et y sont morts, pourquoi Clipperton est-elle une possession française ? (...) La plupart des gens pensent que l'île devrait être un territoire mexicain. » Il faut, pour comprendre cette déclaration, se rappeler l'histoire tristement célèbre des « oubliés de Clipperton ». Elle démarre en 1906, lorsque le gouvernement mexicain décide d'installer sur cet îlot une garnison de soldats avec leurs familles. Mais à partir de 1914, la révolution mexicaine et la Grande Guerre les plongent dans l'oubli et les ravitaillements s'interrompent. La petite communauté reste dès lors sans autres ressources que les noix de coco, les oiseaux de mer et leurs œufs ainsi que les porcs en liberté introduits quelques années plus tôt. Le scorbut, puis un naufrage de R. Arnaud et de ses hommes finissent par décimer l'île... Ce ne sont que trois femmes et huit enfants qui seront sauvés par le Yorktown, un bâtiment états-unien, le 18 juillet 1917. Depuis, l'île n'a jamais cessé d'être revendiquée par le Mexique.