Faut-il réhabiliter Robespierre ?

Les manuscrits de Robespierre resteront en France. Usant de son droit de préemption, L'État a déboursé près d'un 1 million d'euro pour récupérer ces précieux documents, qui étaient vendus aux enchères le 18 mai. Consultables aux Archives nationales, ces manuscrits vont constituer une mine d'informations pour les historiens qui s'interrogent sur l'idéologie robespierriste.  

L’État français a finalement exercé son droit de préemption sur les quelques 150 pages de manuscrits de Maximilien Robespierre qui faisaient l’objet d’une vente aux enchères à Sotheby’s le 18 mai dernier. Les deux lots de documents acquis par l’État pour 979 500 euros iront aux Archives nationales. Leur contenu attise déjà la curiosité des historiens, qui ont été nombreux à demander l’intervention étatique pour conserver ces manuscrits en France.

Leur existence a été révélée par des descendants du conventionnel Le Bas, qui avait demandé à être arrêté en même temps que les frères Robespierre, Saint-Just et Couthon le 9 Thermidor (27 juillet 1794). Le premier lot comprend des correspondances du frère de Robespierre, Augustin, et de Le Bas. Le second lot, d’une plus grande valeur, comprend des brouillons de discours, des rapports, et d’autres documents, rédigés de la main même de l’Incorruptible, qui ont trait à la guerre, au procès de Louis XVI ou encore la Terreur.

« Les annotations manuscrites présentes sur ces documents intéressent les historiens au premier chef. Elles permettront de retracer l’élaboration des discours de Robespierre, ses hésitations avant de les prononcer : on est ici dans le vif de cet art oratoire si important durant la Révolution française », explique Philippe Bourdin, professeur d’histoire moderne à l’Université de Clermont-Ferrand et président de la société des études robespierristes (1). À l’annonce de la mise aux enchères des précieux documents, l’association avait lancé une levée de fonds pour une souscription publique complémentaire à l’acquisition de ces archives par l’État.