Fille et fils de...

Norah Jones et Anouska, chanteuses et musiciennes, filles du célèbre sitariste Ravi Shankar ; Benazir Bhutto, ex-Premier ministre du Pakistan, comme son père Zulfikar Ali Bhutto ; George W. Bush, actuel président des Etats-Unis, fils de l'ex-président George H. Bush... Voici quelques portraits égrainés au fil des pages de ce hors-série de Courrier international consacré aux « Héritiers ».

Sport, show-biz, business, politique, n'y a-t-il pas un risque de dérive « népotiste » dans la prolifération de ces filles et fils de ? Se sont-ils hissés au plus haut niveau grâce à leur talent personnel ou grâce à leur nom ? Des questions au centre d'une polémique née de la publication de In Praise of Nepotism (Doubleday, 2003), un ouvrage de Adam Bellow, lui-même fils de prix Nobel.

Pour Richard Reeves, le nom est très important car il permet d'être connu et reconnu plus rapidement du public. Mais il n'est qu'un des trois leviers du népotisme aux côtés du réseau et du mariage. On a plus de chance de mieux se placer lorsque l'on dispose d'un vaste réseau sur lequel on s'appuiera pour décrocher un emploi. Aussi est-il plus aisé aux descendants de tenir leur rang. Quant au « népotisme nuptial », pour R. Reeves, « il est clair que le mariage associé à un nom connu ou à de solides réseaux forme un cocktail détonant ». Le pouvoir forme des couples, comme le mariage de Arnold Schwarzenegger, acteur et sénateur de Floride, avec un membre du clan Kennedy.

L'explication biologique sur laquelle s'appuie A. Bellow est quant à elle vertement critiquée. Non, ces héritiers n'y sont pas arrivés parce que leur capital génétique est meilleur mais parce qu'ils ont su tirer profit de leurs atouts familiaux. Nous ne sommes pas loin de la thèse de la reproduction sociale chère à Pierre Bourdieu.

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