Folie et spiritisme. Histoire du discours psychopathologique sur la pratique du spiritisme, ses abords et ses avatars (1850-1950)

Pascal le Maléfan, L'Harmattan, 1999, 338 p., 171 F.

Au milieu du xixe siècle, alors que le spiritisme rencontre un vrai engouement dans la société, les catégories de la psychiatrie sont en train d'être constituées par des médecins, des aliénistes. Il y a ceux qui manifestent un désir de compréhension à l'égard des phénomènes et pratiques spirites et ceux qui les condamnent au nom de la science positive et laïque. Tous vont rencontrer les délires spirites et vont s'attacher à les caractériser d'un point de vue psychiatrique. Certains incrimineront le spiritisme comme cause de désordres nerveux et d'aliénation mentale, d'autres souligneront la coloration spirite de certains délires, sans lien direct avec les pratiques spirites. Pourtant, à travers la figure du médium notamment, qui délire transitoirement, sans pour autant devenir délirant, les faits de médiumnité résisteront à se laisser totalement réduire à n'être que des faits psychopathologiques. Et l'on peut trouver là les premières réflexions sur les relations entre pathologie et culture, et notamment une compréhension des pratiques spirites et des délires de médiumnité comme indiquant le besoin de consolation face à la mort et au deuil. De même que naîtront de ces débats des hypothèses contradictoires sur l'origine organique des délires (automatisme mental de Clérambault) ou sur leur origine psychique (un courant représenté par Janet et par Freud) et que parviendront jusqu'à nous des entités telles que la psychose hallucinatoire chronique ou les délires d'influence.