Coupe du monde oblige, les sciences sociales ont, elles aussi, accordé un peu plus d'attention que d'habitude au monde du football. Signés par des spécialistes reconnus du domaine, ces deux ouvrages ont en commun de tenir le sport pour un véritable révélateur social. Les auteurs font en effet le pari que l'engouement collectif pour le football en dit bien plus long sur les valeurs qui fondent nos sociétés contemporaines que certains faits ethnologiques ou sociaux souvent considérés comme plus sérieux. Mais là s'arrête la ressemblance entre les deux ouvrages.
Christian Bromberger, l'auteur du premier, prend appui sur des enquêtes menées à l'aide de méthodes diverses (observations, questionnaires, films...) au sein des stades de Marseille, Naples, Turin, Lens et Téhéran. Après avoir réfuté les schémas qui justifient avant tout la pratique et la passion footballistiques par des considérations idéologiques ou par des prédispositions sociales, C. Bromberger tente de mettre au jour la multiplicité des ressorts qui concourent à transformer cette bagatelle en affaire la plus sérieuse du monde. La simplicité des règles, l'exaltation émotionnelle qui se dégage du jeu, la double valorisation du mérite et de la solidarité, la place irréductible du hasard, etc., sont autant de qualités intrinsèques qui expliquent l'engouement massif pour le football à travers le monde. Mais pratiquer ou supporter un tel sport, c'est aussi s'identifier à un club, à une ville, à un pays... Comme on a pu effectivement le constater au mois de juillet 1998, une équipe de football peut être un vecteur de cohésion, une métaphore vivante de l'intégration et des vertus du melting pot. Le public des stades est d'ailleurs assez hétérogène du point de vue socioprofessionnel. En revanche, symbole d'un retour en force des jeunes sur la scène sociale, les moins de 35 ans sont aujourd'hui plus présents que les autres dans les gradins.