Sigmund Freud : retenez bien ce nom, vous en entendrez beaucoup parler. Blague à part, pourquoi signaler la sortie de ce livre, alors que l’auteur n’a pas exactement besoin d’un coup de pouce pour faire découvrir son travail ? Tout simplement pour saluer la naissance d’une nouvelle collection, « Freud à la lettre », à l’effort pédagogique salutaire. Et il en faut, de la pédagogie, pour éclairer les contradictions de Freud en matière de sexualité féminine, donnant matière à le dépeindre aussi bien comme un vieux sexiste rabougri que comme le héraut de l’émancipation des femmes ! Pas seulement aujourd’hui, mais de son vivant même. Comme souvent dans ce genre de polémique, la vérité est plus nuancée, et un large détour historique s’avère particulièrement bienvenu. D’où l’occasion de voir que ce texte de 1931, De la sexualité féminine, n’est pas tombé du ciel comme une vérité révélée, mais répondait à une suite d’âpres débats théoriques à propos du développement psycho-sexuel de la femme, notamment la place du complexe d’Œdipe et du complexe de castration chez la petite fille. Alors que le tiers des psychanalystes de l’époque étaient des femmes, voici que certaines comme Karen Horney, Helen Deutsch, puis Melanie Klein osaient contester les conceptions du maître, allant jusqu’à nourrir une dissidence londonienne face à l’« orthodoxie viennoise ». Freud entendait bien taper du poing sur la table pour trancher la question. Peine perdue.
Marc Olano