Gastronomie et identité culturelle française - La gastronomie - La table du Sud-Ouest (1750-1850)

En dépit des succès espagnols ou britanniques, la gastronomie française se porte bien, estiment les contributeurs de Gastronomie et identité culturelle française. Parce qu’en « nationalisant » les cuisines régionales et en assimilant les nombreux produits et procédés venant des cuisines étrangères, elle sait toujours épouser les identités mouvantes des sociétés hypermodernes. Au Japon, les cuisiniers qui travaillent « à la française » le poisson-globe ou la laitance de morue estiment qu’ils font de la cuisine française. Tel n’est pas l’avis des États-Uniens qui dans la revue Gourmet, depuis 1941, s’ingénient à marier le foie gras de Strasbourg avec un bifteck, une soupe à l’oignon avec une salade exotique ou une pizza. Défauts rédhibitoires pour notre grammaire culinaire détaillée par le médecin nutritionniste Jean Vitaux.
Pourtant, Philippe Meyzie, qui explore les racines gastronomiques du Sud-Ouest français, montre un pays de cocagne émergeant d’un intense brassage social, bousculant les us et coutumes d’une paysannerie dominante. L’ouverture du port de Bordeaux au lointain renouvelle les métiers de bouche et la nouvelle bourgeoisie réclame ces ambassadeurs renommés que sont les volailles truffées du Périgord, les vins au nouveau goût anglais ou le chocolat de Bayonne. Rien n’était gagné d’avance, puisque la gastronomie, abondant champ littéraire et cinématographique, avait curieusement évacué le discours œnologique dès le xixe siècle. Jusqu’à l’émergence du French paradox sur les médias américains dans les années 1990. Aujourd’hui, c’est le caractère identitaire des régions contre la nation qui prévaudrait dans la vulgate sur le vin. Mais est-ce si sûr devant la pression d’un discours médico-légal sur l’alcool devenu obsessionnel du fait de la généralisation de la voiture ?