Au-delà de l'aspect purement musical, le hip-hop et les musiques électroniques véhiculent de nouvelles pratiques culturelles et portent des aspirations au changement. C'est ce qu'entend montrer le dossier que leur consacre Le Courrier de l'Unesco dans sa dernière livraison.
Nées principalement à New York à la fin des années 70, ces musiques ont réellement pris une dimension planétaire, d'où la grande diversité des contextes culturels abordés dans ces pages : l'alliance « alternative » des groupes techno avec les écologistes en Australie ; le rôle du rap algérien dans le combat contre la corruption ; le rôle croissant joué par les « tribus techno » qui, en Serbie, permettent à la jeunesse d'établir un univers parallèle au nationalisme rampant et à l'Etat omniprésent. Par ailleurs, le contexte indien est assez caractéristique des ambiguïtés de ces musiques, situées entre le local et le global. Ainsi, la jeunesse indienne s'identifie-t-elle massivement à la musique « bhangra » en ce qu'elle lui propose une combinaison de la tradition musicale indienne et la modernité de la musique électronique.
Le dossier a également le mérite de montrer les multiples formes de conflits internes qui traversent ces courants musicaux. Le plus visible est sans aucun doute celui qui confronte recherche de créativité et logique commerciale. Depuis très longtemps en effet, ces foyers de création musicale et de militantisme politique sont l'objet de toutes les convoitises de la part de l'industrie musicale. Un des articles de conclusion fait état à cet égard des marges d'indépendance que peuvent acquérir de jeunes artistes par le biais d'Internet, par exemple en contournant les canaux de distribution classiques.
Références
« Musiques : génération fusion », Le Courrier de l'Unesco, juillet/août 2000.
