Vous organisez un colloque européen sur le « Vieillissement et les territoires à l'horizon 2030 ». Le vieillissement a-t-il des effets si différents d'une région à l'autre ?
Le vieillissement est de nature extrêmement différente selon les territoires, au point qu'on peut parler de plusieurs types de vieillissement. Il faut par exemple dissocier l'augmentation de la proportion de personnes âgées dans la population, qui est un vieillissement structurel, à l'augmentation du nombre de personnes âgées sans que leur pourcentage s'accroisse dans la population totale, qui est un phénomène de flux : je parle alors de « gérontocroissance ». Ainsi, entre 1990 et 1999, la population de la Creuse a vieilli et pourtant le nombre de personnes âgées a diminué. Le pourcentage des 60 ans ou plus augmente mais dans un contexte de diminution générale de la population du département.
De façon générale, les régions littorales, des Côtes-d'Armor aux Alpes-Maritimes, en passant par les côtes atlantiques et méditerranéennes, attirent des personnes âgées. Dans certaines communes des Pyrénées-Orientales, 70 % de la population a 60 ans ou plus alors que dans les Alpes-Maritimes, on observe une gérontocroissance sans vieillissement, car les zones touristiques concentrent aussi des jeunes actifs. Les grandes métropoles comme Paris, Lyon ou Lille, voient même un départ des jeunes retraités qui se conjugue à l'arrivée d'une population active jeune.