En dépit des processus d'homogénéisation liés à la mondialisation, c'est à une prolifération des formes de territoires à laquelle on assiste. Fort de ce constat, Guy Di Méo entreprend donc l'exploration des mille et une manières dont les hommes « se représentent, conçoivent et produisent leurs rapports à l'espace », qu'ils s'agissent des SDF, des urbains, des habitants des cités... Empruntant à la géographie culturelle et à la géographie humaine, par l'importance qu'elle accorde aux représentations et à l'histoire, etc., cette géographie sociale entend aller au-delà en soulignant le poids des rapports sociaux et des enjeux identitaires.
Sur le plan conceptuel, cette originalité se traduit par une volonté d'intégrer tout en les dépassant les notions d'« espace social » ou d'« espace vécu », ou encore de lieux en usage chez les géographes, au profit de celle de territoires (géographiques). Tout en prenant soin de se démarquer de l'usage qu'en font les politologues (à travers leur analyse des territoires nationaux) et les éthologues, l'auteur cherche à rendre compte tout à la fois du caractère multidimensionnel de l'espace (symbolique, politique, économique) et du rôle « des schèmes intemporels et quasi présociaux (dans) notre rapport au monde, à la Terre et à quelques-uns de ses espaces ou de ses lieux ». Stimulante quoique exigeante, cette analyse confirme l'intérêt des perspectives ouvertes quelques années plus tôt par le même auteur dans L'Homme, la Société, l'Espace (Anthropos, 1991).