Le 7 septembre 2017, le vent s’est levé. Le khamsîn. Une tempête de sable. Celle-ci était colossale. Elle a soufflé trois jours durant, paralysant la circulation au Liban et en Israël comme les offensives en Syrie, étouffant les réfugiés sous leurs tentes comme les habitants des bidonvilles d’Irak, recouvrant d’un brouillard jaunâtre une immense étendue. Le phénomène, exceptionnel en cette saison, inquiète. Si certains météorologues avancent qu’il serait simplement lié au passage d’un vent froid en région désertique, d’autres estiment que son intensité et sa saisonnalité exceptionnelles livrent un inquiétant présage pour l’avenir : le Moyen-Orient se désertifie, et il pourrait se voir de plus en plus frappé par ces phénomènes. D’aucuns pronostiquent jusqu’à 300 jours de tempêtes par an à l’horizon 2030. Un monde invivable.
La mère de toutes les tempêtes ?
Le visionnage des photos satellites tend à accréditer cette thèse, même si l’issue n’en sera probablement pas aussi catastrophique à moyen terme. La guerre en Syrie et en Irak a poussé les agriculteurs à déserter leurs terres, parcourues ensuite par des véhicules (4x4 ou blindés) qui ont contribué à l’érosion. Sur d’immenses étendues, les sols autrefois fertiles sont devenus poussière. Le phénomène a connu un précédent. Dans les années 1930, les plaines centrales des États-Unis et du Canada, surexploitées par des labours profonds, ont été stérilisées et sont devenues des « dust bowls », impropres au maintien d’activités agricoles. La Syrie et l’Irak sont sur la voie de se transformer en pays de poussière. Si les guerres devaient persister, les conséquences environnementales seraient désastreuses pour toute la région, de l’Iran à l’Égypte.