Devereux le globe-trotter
L’ethnopsychiatrie étudie les maladies mentales, les origines qui leur sont attribuées, les soins qui leur sont prodigués, au fil des cultures. Elle s’attache à connaître la culture d’origine du patient, les forces et parfois les esprits auxquels sont attribués les symptômes, tout en prenant conscience que ces derniers peuvent refléter un déracinement familial, culturel, linguistique.
La figure majeure de l’ethnopsychiatrie, le Hongrois György Dobo (1908-1985), alias Georges Devereux, a étudié la physique et la chimie près de Marie Curie au milieu des années 1920 avant de s’orienter vers l’hellénisme et l’anthropologie. En 1935, pour son doctorat, il se rend aux États-Unis où il enquête sur la classification des maladies chez les Indiens Mohaves. Après un crochet en Indochine chez les Sedang Moïs, il exerce auprès de vétérans dans un hôpital du Kansas après la Seconde Guerre mondiale. Pour lui, psychanalyse et anthropologie sont complémentaires : il décrit comment une culture construit non seulement le regard médical d’une époque mais aussi des symptômes, des maladies, où peut s’exprimer le malaise des patients. Il enseigne en 1964 à l’École pratique des hautes études, tout en rédigeant la bagatelle de 400 textes au cours de sa carrière.
• Georges Devereux. . Gallimard, 3e éd., 1983. • Tobie Nathan. . Grasset, 2012.