Gérard-François Dumont : «L'Europe a largement la capacité d'accueillir les flux massifs de réfugiés»

Pour le géographe et président de la revue Population & avenir, les demandeurs d'asile préfèrent se réfugier en Allemagne et en Angleterre plutôt qu'en France, où on leur interdit de travailler.

Depuis l’été, on assiste à des flux massifs de réfugiés, venus notamment de Syrie. L’Europe a-t-elle la capacité de les absorber ? A-t-elle besoin de ces migrants ?

L’Union européenne (UE), si elle le souhaite, a la capacité d’accueillir ces migrants. Actuellement, quelque 5 millions de Syriens se trouvent en Turquie, en Jordanie et au Liban. Si ces pays sont parvenus à les accueillir, on ne voit pas pourquoi un ensemble géopolitique de 28 pays, qui représente 500 millions d’habitants et dont le PIB est beaucoup plus élevé, ne le pourrait pas. Mais, du point de vue du strict besoin économique de migrants, la situation au sein de l’UE est extrêmement contrastée selon les pays : certains voient leur population active diminuer (cas de l’Allemagne ou de l’Autriche) et ont besoin de main-d’œuvre s’ils veulent maintenir le même niveau de richesse, alors que d’autres disposent d’une population active en augmentation et n’ont donc pas l’utilité, sur un plan strictement comptable, d’une grande immigration. Voyons le cas de la France, par exemple. Le problème de l’Hexagone est que le taux d’emploi y est très bas, il faut donc organiser différemment l’économie de façon à ce que les personnes exclues du marché de l’emploi puissent y entrer. Néanmoins, on peut aussi considérer que la France a besoin d’immigration dans la mesure où les personnes résidant en France montrent une faible appétence vis-à-vis de certains métiers, comme la restauration ou le bâtiment, où les chefs d’entreprise connaissent de grosses difficultés de recrutement et ont recours à des travailleurs immigrés.