Les gérontospsys, késaco ? Si on devine de quoi il s’agit, à moins d’être directement concerné, on n’en entend jamais parler.
La vieillesse fait peur et se révèle contre-productive dans une société qui se doit d’être efficace et rentable. Et il existe – nombre de spécialistes du grand âge le disent eux-mêmes – une gérontophobie à laquelle il est difficile d’échapper. Très peu de psychiatres, même s’ils le pratiquent, se réclament de cet exercice. Autre problème : en matière de psychiatrie et de psychologie du grand âge, on ne sait pas très bien qui fait quoi tant cette « spécialité » est jeune. Impossible d’ailleurs d’obtenir le moindre chiffre sur ces professionnels, qui n’ont pas plus d’appellation officielle. On n’est pas psy spécialiste de la vieillesse comme on est pédopsychiatre. Il est généralement admis que les psychiatres qui, après une formation de médecin psychiatre classique, ont été amenés à s’occuper de façon régulière de personnes âgées, sont des « gérontopsychiatres ». Et que les psychologues de formation dans le même cas sont devenus « psychogériatres » en ajoutant à leur cursus de cinq années des formations post-universitaires en psycho-gérontologie, des participations à des congrès… Mais les choses se compliquent encore quand on sait que les gériatres, dont la spécialité est encore plus ou moins reconnue, ont été les premiers à s’intéresser aux patients âgés et donc, de fait, aux aspects psychologiques liés au vieillissement. Lesquels gériatres, d’ailleurs, ont souvent des parcours atypiques : on a vu tel professeur en cardiologie devenir gériatre en prenant la responsabilité d’un service de gériatrie. À la base, un gériatre est un médecin généraliste ou bien spécialiste.
Les choses commencent néanmoins à s’organiser, puisqu’il existe aujourd’hui un diplôme universitaire reconnu – une capacité de gérontologie – élaboré par des gériatres, des neurologues… et des psychiatres ! Ce que l’on sait mieux, sans disposer de chiffres officiels cependant, c’est que la majorité des gérontopsys – nous les appellerons ainsi pour simplifier – travaillent en institution, en établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), hôpitaux ou maisons de retraite. Peu nombreux sont ceux qui exercent en libéral, alors qu’une grande part des personnes âgées vivent chez elles, ayant souvent comme seul interlocuteur le médecin généraliste, qui n’a pas le temps ni la formation nécessaire à leur prise en charge psychique, et qui s’y attelle pourtant. Une certitude tout de même : les gérontopsys ont de l’avenir, le nombre de personnes dépendantes étant amené à augmenter sensiblement dans les prochaines décennies. Lors du processus de vieillissement, chaque individu est soumis à des modifications physiologiques et psychologiques relatives à son identité et son équilibre psychique.