Quels sont les compromis sociaux envisageables dans le contexte de globalisation ? Quel management imaginer dans le cadre des grandes firmes multinationales ? Ces questions étaient au centre du colloque organisé par le DESS politiques d'entreprise en développement social et emploi et par le DEA de sociologie de Sciences po, le 11 janvier dernier. Une vingtaine de conférenciers de tous horizons et de tous bords avaient répondu présents. Parmi eux : les économistes Robert Boyer et Elie Cohen. L'affrontement entre le représentant de l'Ecole de la régulation et un partisan du libéralisme n'eut pas lieu : ils sont d'accord ! Ni l'un ni l'autre ne voient dans la globalisation un processus risquant d'accélérer le déclin des Etats-nations. Chacun déplore l'échec du lancement d'un nouveau cycle de négociations commerciales à Seattle, Elie Cohen allant jusqu'à qualifier les manifestations de « Mai 1968 régressif ».
Pour Robert Boyer, la globalisation peut être considérée comme « la machine à redéployer les compromis sociaux hérités de l'après-guerre ». D'autres conférenciers ont tenu à souligner les nouvelles perspectives offertes par la globalisation. Charles Heckscher, de la Rutgers University, rappelle par exemple l'efficacité des campagnes d'information dénonçant les pratiques abusives des grandes firmes (comme par exemple le travail d'enfants dans les pays à bas salaires). Il a également tenu à souligner l'effort que les entreprises sont susceptibles de consentir pour former leurs salariés et les accompagner dans leurs mobilités professionnelles. Il estime que l'affaiblissement des syndicats américains observé depuis une vingtaine d'années est imputable moins à la globalisation qu'au recours des entreprises à la sous-traitance ou à l'externalisation, en un mot à la flexibilité.
Références
Colloque L'entreprise face à la globalisation. Management et enjeux. IEP de Paris, le 11 janvier 2000.