Groupes de paroles Des thérapies qui ne disent pas leur nom ?

Il est des lieux où la parole est d’or. Après un choc, un deuil ou 
lors d’une étape difficile de la vie, où l’entourage ne suffit plus 
à soulager les maux, les groupes de parole sont une alternative 
pour mettre sa souffrance à distance. Comment fonctionnent-ils ? Peuvent-ils présenter des dangers ?

Consulter un psy, même ponctuellement, se lancer dans une psychothérapie, prendre des traitements dont on ne sait s’ils nous seront utiles, quels seront leurs effets et quand on en sortira : autant de perspectives qui paraissent incongrues, voire impossibles à certains. Compter sur son entourage pour passer les mauvais caps en étant compris et soutenu : un pari parfois illusoire car les proches, en croyant bien faire, font souvent mal, proposant des solutions toutes faites qui ne nous aident en rien à remonter la pente, pressés qu’ils sont de nous voir aller bien. Alors, face aux tourments de la vie, face à l’incapacité ou à l’impossibilité d’exprimer un malaise plus diffus, certains se tournent naturellement vers les groupes de parole, parfois en complément d’une thérapie individuelle, le plus souvent en recours principal.

Difficile d’y voir clair pourtant dans l’offre illimitée de ces groupes qui fleurissent un peu partout, et qui ne se laissent pas toujours facilement approcher. Certains sont encadrés et ciblés, proposés par exemple par des thérapeutes à l’hôpital autour du vécu de la maladie, ou encore en prison pour tenter d’éviter les réci­dives d’agressions sexuelles de certains détenus à leur sortie. D’autres sont des « auberges espagnoles » où l’on trouve ce que chacun y amène.

Certains sont voués à une cause, d’autres mélangent des interlocuteurs de tous âges, venus de tous horizons déposer leurs valises trop lourdes : parents endeuillés, dépressifs, alcooliques et autres dépendants, femmes victimes de violences conjugales, et même hommes lassés de donner l’apparence d’être de « chics types »…

Mettre des mots sur les maux libère, à condition que le groupe ne tombe pas dans la conversation de comptoir… Un groupe de parole digne de ce nom est donc un ensemble où la parole est organisée, distillée selon certaines règles, qui permettent à chacun de trouver sa place dans la communauté tout en respectant les autres membres.

publicité

Les règles du « je »

Les grands principes du groupe de parole sont les mêmes dans la plupart des cas : l’écoute bienveillante, l’absence de jugement, le refus de l’agression, l’emploi du « je », le centrage sur l’émotion de l’instant présent plutôt que sur les faits. Un fonctionnement qui, à lui seul, évoque un protocole thérapeutique. Pourtant, les animateurs de groupes de parole se défendent de jouer les thérapeutes. Francine Ducrocq, infirmière en psychiatrie, anime depuis quelques années un groupe de parole destiné aux parents dans une halte-garderie, et un groupe de psychothérapie : « Au regard de ces deux groupes, je constate que les visées sont différentes. Le groupe de parole est un groupe d’échange qui peut soulager et soutenir. Le groupe de psychothérapie a pour visée d’apporter du mieux-être, d’aider à clarifier tel problème précis, voire à engager une véritable transformation du client. »