Depuis combien d’années Handicap International inclut-elle une approche de santé mentale dans ses interventions ?
Les premiers projets psychologiques de Handicap International ont émergé en 1990, notamment auprès d’enfants vivant dans des pouponnières en Roumanie. Par la suite, nous sommes allés progressivement vers le développement de projets dans le champ de la santé mentale au sens large, avec une approche que nous pourrions qualifier de clinique communautaire (1).
Auprès de combien de pays privilégiez-vous cette approche ?
Cette approche n’est pas systématique dans les projets que mène Handicap International. Celle-ci concerne actuellement dix pays sur les cinquante-neuf dans lesquels nous intervenons. Trois types de handicap sont ciblés : les handicaps psychiques, intellectuels et psychosociaux. Ces handicaps peuvent être associés ou non à d’autres types d’incapacités ou de déficiences physiques ou sensorielles.
Handicap International promeut une approche globale du handicap : le Processus de Production du Handicap (PPH). Quelle est sa spécificité ?
Le PPH est un modèle canadien qui propose une lecture anthropologique du développement humain. Ce modèle prend en compte les dynamiques existantes entre différents éléments de vie de l’individu, tels que les facteurs de risque, les facteurs personnels (déficiences - degrés d’atteinte du corps - et incapacités - degrés de réduction d’une aptitude), les facteurs environnementaux ou encore les habitudes de vie. Ce modèle nous invite à percevoir le handicap comme un processus relatif à un contexte, à une écologie. Dans ce sens, nous agissons non seulement sur la prise en charge des individus, mais également sur leur environnement. Celui-ci nous permet de travailler à la fois sur le « je » et sur le « nous » d’une communauté, c'est-à-dire de retisser ou, devrais-je dire, de repriser un tissu social déchiré par des violences de toutes sortes (catastrophes naturelles, guerre, génocide). Nous cherchons à trouver ou créer du lien social qui redonne du pouvoir d’agir aux individus qui le composent. On pourrait parler ici d’empowerment.