Handicap et télétravail : une fausse bonne solution ?
De Pascal Fraysse, nous avons reçu ce commentaire suite à notre dossier « Travail, les nouvelles fractures » (n° 337, juin 2021) :
Bonjour,
C’est avec un immense plaisir que nous retrouvons Sciences Humaines chaque mois, et que nous nous plongeons dans sa lecture et alimentons ainsi de fertiles débats. Ce numéro sur le travail est bien dense mais, à mon avis, il manque un développement à la fin de votre dossier. En tant que travailleur handicapé – telle est ma classification –, je suis étonné par l’absence de cette thématique.
À mon avis, si l’on parle de fracture, il en est une là qui est abyssale, mais une de mes peurs, et sur ce point je n’engage que moi, c’est que le télétravail devienne une solution fréquente en matière d’emploi des personnes en situation de handicap (PSH). Je m’explique : l’embauche d’une personne handicapée, toutes formes confondues, est vécue par beaucoup d’entrepreneurs comme une contrainte et une source de complications matérielles, bien qu’ils puissent bénéficier d’aides s’il y a des aménagements à prévoir, par exemple. Cette difficulté fantasmée pourrait les mener à multiplier les propositions d’emploi en télétravail. Dans ce cas, la dimension sociale, relationnelle, inclusive du travail, si importante pour les PSH, serait sacrifiée sur l’autel de ce nouvel engouement pour le travail à distance induit par la crise sanitaire. Je serais curieux de savoir s’il existe des vues sur le sujet, dont vous pourriez nous informer.