Si les Grecs et les Romains aimaient s'enivrer au cours de leurs banquets, ils n'en omettaient pas moins de mettre de l'eau dans leur vin. Au sens propre... Car, dans l'Antiquité, boire du vin pur était considéré comme barbare. Selon les médecins, le vin avait la vertu de faciliter le transport de l'eau dans toutes les parties du corps. Aussi recommandaient-ils le mélange. Jusqu'au Moyen Age et au-delà, les héritiers des Romains (Italiens, Espagnols et Français) n'envisageaient pas les choses autrement. Il faut attendre le début du xixe siècle pour voir les moeurs de ces populations changer : l'habitude se répand alors de ne plus couper le vin au second service. Un siècle plus tard, on ne coupe plus son vin du tout, sauf lors des repas de famille.
Aujourd'hui, bien rares sont ceux qui perpétuent la pratique des Grecs et des Romains, et nul doute que s'ils vivaient aujourd'hui, ceux-ci y réfléchiraient à deux fois avant de couper leur vin. Et ce pour une raison proprement oenologique : de nos jours, le degré alcoolique des vins (aux alentours de 12°, voire plus) est sensiblement supérieur à celui des vins du siècle passé (beaucoup de petits vins de pays ne titraient alors que 5°). Or, en gagnant en alcool (sous l'effet de la chaptalisation), un vin perd en acidité... Comme quoi, les changements de moeurs tiennent parfois à ce qui a tout l'air d'une goutte d'eau, au sens figuré.
Références
La Lettre d'information de l'Ireb, n° 20, nov. 2000.