L’anathème et la persécution fabriquent les jansénismes que l’Église et l’État royal n’ont cessé de persécuter. C’est la problématique majeure de Monique Cottret : les étapes de la persécution sont repérables, mais le mouvement lui-même, multiforme, résiste à toute généralisation. Au point de départ, Jansénius, dont les travaux sur saint Augustin ancrent les débuts du mouvement, puis toutes les grandes figures auxquelles Philippe de Champaigne a donné chair : saint Cyran, le Grand Arnault et toute sa famille, mère Angélique et mère Agnès, les « Messieurs de Port-Royal », Pascal l’effrayant génie… et toute une mouvance littéraire, Racine, la comtesse de Lafayette, la marquise de Sévigné… Le jansénisme, cette passion baroque, marque le moment, au milieu du 17e siècle, où se croisent la monarchie patriarcale et la raison d’État (raison d’enfer), le baroque et le classicisme, le gallicanisme et l’ultramontanisme. Mais c’est aussi le temps du Cid et de la Fronde et l’expression de la haine obstinée, jusqu’à la fin de son règne, de Louis XIV.
Histoire du jansénisme 17e-19e siècle
Histoire du Jansénisme 17e-19e siècle, Monique Cottret, Perrin, 2016, 400 p., 23,90 €.