«À l’âge de douze ans, quand j’étais au collège, c’était très dur, car je me posais des tas de questions. Pas facile d’accepter son attirance pour les garçons, quand vos camarades vous considèrent comme quelqu’un d’anormal. (…) L’insulte “pédé” vous rabaisse plus bas que terre. Forcément, on n’a pas envie de dire qu’on est cette personne efféminée, qui a ses petites manières, car c’est cela que les gens sous-entendent en employant ce terme. » 1 Les adolescents homosexuels parlent souvent de culpabilité. « C’est ce que je ressentais : j’étais quelqu’un de mal. Dans ma tête, une petite voix me murmurait : ‘‘Il faut pas, il faut pas !’’ » 2. Le regard souvent cruel des autres garçons, les remarques homophobes (fiotte, lopette, tarlouze, pédé…) poussent l’ado à dissimuler sa véritable identité, à faire semblant. Ou bien il va se confier aux filles, souvent plus compréhensives et tolérantes face à l’homosexualité. L’homosexualité féminine, quant à elle, est souvent mieux acceptée que celle des garçons. « Chez les garçons, on a tendance à penser uniquement à l’acte sexuel, alors que chez les filles il y a une tonalité plus sensuelle », explique Frédéric Gal, directeur de l’association Le Refuge qui vient en aide aux jeunes homosexuels en rupture familiale. Les filles peuvent se montrer naturellement très proches entre elles dans leurs relations d’amitié. « On a davantage tendance à penser qu’il s’agit d’une simple passade chez les filles et on imagine alors qu’elles peuvent plus facilement changer d’orientation sexuelle, ce qui n’est pas vrai. » Mais chez les filles aussi, assumer son homosexualité provoque parfois des réactions de rejet et d’insultes.
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La sexualité des ados
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