Il y a cadeau et cadeau

Analysant le rôle

des pratiques de dons

et de contre-dons dans

la constitution du lien social, l'ethnologue Anne Monjaret distingue au moins trois formes de cadeaux :

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- le cadeau-objet : c'est le cadeau qui « n'a pas de prix », que l'on fait en fonction

des goûts du destinataire mais également des siens

et qui a donc exigé un minimum d'effort. Durable ou périssable, il est destiné à manifester un certain laps de temps la présence physique du donateur dans l'univers du destinataire.

En vertu du principe

de réciprocité, il appelle implicitement un retour

(le contre-don);

- le cadeau-liste : apparu

en France dans les années 50 avec la liste de mariage,

il tend à se généraliser à d'autres cérémonies. S'il offre l'avantage de faire gagner

du temps, il a l'inconvénient d'aller à l'encontre

de conventions traditionnelles,

à commencer par la discrétion autour du prix (le prix

du cadeau liste est affiché);

- le cadeau-argent : parmi toutes les catégories de cadeaux, c'est le plus périssable (une fois reçu, l'argent « réintègre le circuit économique général » et

ne laisse donc aucune trace

du donateur) ; du fait du tabou qui entoure la question

du prix, il ne se pratique guère au-delà du réseau familial. Malgré l'extension

des relations marchandes,

le cadeau-don semble

en définitive avoir encore

un bel avenir. A moins que, comme le suggère A. Monjaret, le cadeau-liste

ne marque l'émergence

des usages sociaux tant

du cadeau que de l'argent.