Immigration, police, justice : Nicolas Sarkozy, président de la fermeté ?

S’il a repris la main sur l’institution judiciaire, Nicolas Sarkozy n’a montré que peu d’ambitions pour transformer la police. Sa volonté de contrôler davantage les flux migratoires a rencontré de nombreux obstacles.

Police, justice, immigration : voilà des terrains sur lesquels Nicolas Sarkozy a bâti son image d’homme d’action, inflexible défenseur des lois de la République, de la répression accrue de la délinquance et des droits de la victime. Et ce bien avant 2007 : n’oublions qu’il était depuis 2002 ministre de l’Intérieur (hormis une parenthèse entre avril 2004 et juin 2005)… Le quinquennat a-t-il renforcé ces orientations ?

 

Y a-t-il quelqu’un pour changer la police ?

En matière policière, Sébastian Roché ne distingue guère de « logique globale », mais plutôt une « addition de mesures techniques » : Renforcement des logiques managériales (objectifs quantitatifs, indicateurs de performance…), fusion de la police et de la gendarmerie, ainsi que des services de renseignements fermés (i.e. opérant clandestinement) dans une nouvelle Direction Centrale du Renseignement Intérieur (DCRI)… Le caractère erratique de ces initiatives révèle, selon le chercheur, une « faible ambition politique pour changer la police ». Plus inquiétant, le système policier français renforce ses traits centralisateurs, coupant les forces opérationnelles de leur environnement local. La fusion gendarmerie/police est cohérente, mais revient à placer toutes les forces sous une seule autorité, ce que l’on ne rencontre guère que dans les régimes autoritaires. S. Roché regrette également l’absence, dans ces réformes, de ces contrepoids démocratiques qu’auraient été la société civile ou les élus locaux, d’autant que le contrôle parlementaire est faible. Des questions telles que l’égalité géographique devant les services de police ou la qualité du service rendu sont tout simplement ignorées, alors que l’obsession du chiffre fait l’objet de vives critiques, de la part des agents (qui ont des objectifs mensuels chiffrés de PV ou d’arrestations qui confinent parfois à l’absurde) et des élus locaux qui subissent les baisses d’effectifs ( - 9000 agents entre 2007 et 2010), même si ces dernières sont niées par le Ministère de l’Intérieur.