Comment les individus ou les entreprises parviennent-ils, en l'absence d'information suffisante, à se coordonner pour mener à bien des projets collectifs ? L'action des agents économiques est-elle guidée par la seule poursuite de leurs intérêts ? Comment s'élabore concrètement une action dans le temps ? Comment les individus réagissent-ils face aux imprévus ?...
C'est à des questions aussi simples que celles-ci que se propose de répondre la théorie dite des conventions. La dizaine de contributions réunies dans cet ouvrage fournit l'occasion de (re)découvrir les hypothèses théoriques ainsi que les nouvelles pistes de réflexion de ce programme de recherche. Tandis que les trois premiers articles traitent des hypothèses relatives à l'action dans un contexte d'incertitude, les trois suivants exposent les fondements pragmatiques et collectifs des actions individuelles. Enfin, les quatre dernières contributions portent sur le rôle des institutions dans la coordination des acteurs.
Est-il besoin de le rappeler, la théorie des conventions se définit en stricte opposition avec la théorie dite standard, fondée sur l'hypothèse d'une rationalité instrumentale. Dans l'optique de la théorie des conventions, l'agent économique n'est supposé ni omniscient ni omnipotent. Ses actions ne se résument pas à la mobilisation de moyens en vue de fins définies à l'avance ; elles visent aussi à « s'ouvrir des possibilités ». Quant aux institutions (qu'il s'agisse des règles, de l'Etat...), elles ne sont pas conçues comme des entraves à l'action économique mais au contraire comme ce qui rend possible la coordination des actions individuelles.
On ne pourra qu'apprécier tant de bon sens. Malheureusement, ces divergences théoriques n'empêchent pas la théorie des conventions de partager un point commun avec la théorie standard : un penchant pour l'abstraction qui frise, parfois, l'ésotérisme !