La Chine compterait actuellement plus de 60 millions d'internautes. Rien d'étonnant, a-t-on alors pu dire, que les autorités chinoises se soient résolues à opter pour la transparence dans la gestion de la crise du sras (syndrome respiratoire aigu sévère), en avril dernier. Comment pouvaient-elles persister à cacher la réalité alors que la population avait accès à l'information sur le Net ?
Pour Eric Sautedé, du Centre d'études français sur la Chine contemporaine (CEFC), installé à Hong-Kong, il n'est pourtant pas certain que ce changement d'attitude soit imputable à Internet. Le penser, ce serait méconnaître les moyens mis en oeuvre par ces mêmes autorités chinoises pour en contrôler l'usage. Ce contrôle s'exerce en amont avec les restrictions imposées aux supports et les dispositifs réglementaires, en aval par les sanctions. Ainsi, de nombreux sites de médias étrangers ne sont toujours pas accessibles depuis la Chine, de même que ceux d'organisations traitant de sujets sensibles comme les droits de l'homme. Les autorités chinoises ont tiré profit des technologies souvent fournies par des firmes occidentales pour filtrer les données figurant sur les sites et les forums de discussion chinois. En mars 2002, elles ont même obtenu que les grands portails d'informations et les moteurs de recherche, parmi lesquels Yahoo!, adhèrent à la charte de bonne conduite et d'autodiscipline imposée par l'Association chinoise de l'Internet. Les peines prévues sont dissuasives : elles s'appliquent aussi bien aux prestataires de services qu'à l'usager.