Pourquoi dénombre-t-on toujours plus d’autistes ? L’élargissement des critères diagnostiques, ainsi qu’une meilleure sensibilisation du public et des professionnels, constituent les éléments d’explication les plus souvent avancés, même si la possibilité de diagnostics abusifs et les difficultés à définir certaines formes d’autisme donnent lieu à des polémiques constantes. Susan Greenfield, professeure de pharmacologie à l’université d’Oxford, avance une nouvelle hypothèse : si les cas d’autisme explosent, c’est la faute d’Internet. Connue dans le milieu académique britannique pour son hostilité à l’égard du monde moderne accusé par elle de malmener, voire saccager, le cerveau des enfants, Susan Greenfield a franchi cette étape supplémentaire lors d’une interview au journal New Scientist. A la question : « Quelle preuve y a-t-il de l’impact de la technologie digitale sur notre cerveau ? », elle a en effet répondu : « Une recrudescence des personnes avec des troubles du spectre autistique. »
Voilà qui peut sembler abrupt. D’autant que tout étudiant de psychologie apprend dès la première année qu’une corrélation (on observe que le phénomène X évolue simultanément au phénomène Y) n’est pas une causalité (X est la cause de Y, ou vice-versa). Or, aucune étude n’a montré de lien entre autisme et Internet, pour la bonne raison qu’aucune n’a été initiée. Se risquer à un tel raccourci sur un sujet aussi explosif au nom d’une intuition personnelle dépourvue de fondement scientifique, voilà qui a créé une polémique… sur Internet, pardi.