Jacques Lacan (1901-1981) L'inconscient et le langage

Jacques Lacan, grand maître de la psychanalyse française pendant plus de quarante ans, est l’auteur d’une révolution conservatrice : faire retour à Freud en affirmant que si la parole délivre, c’est que l’inconscient est langage. Pardon : qu’il est structuré comme un langage...

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Né quand le 20e siècle a un an, Jacques Lacan fait ses études au moment du début de la diffusion des idées freudiennes en France. Il se spécialise en neurologie et en psychiatrie. Il sera interne puis chef de clinique à Sainte-Anne, dans le service de Gaëtan Gatian de Clérambault, son « seul maître en psychiatrie », puis dans celui d’Henri Claude. C’est là que furent accueillis les premiers psychanalystes français dont René Laforgue, Angelo Hesnard, Eugénie Sokolnicka. Pour autant, ce choix professionnel ne l’empêchera pas de suivre le séminaire d’Alexandre Kojève, introducteur de la philosophie de Georg Hegel en France, et les travaux d’Alexandre Koyré sur l’histoire des sciences.

Au cours de ces années, Lacan fait plusieurs communications et publie divers articles de neurologie et de psychiatrie. En 1932, il soutient une thèse de doctorat en médecine, intitulée « De la psychose paranoïaque dans ses rapports avec la personnalité ». Elle suscite aussi bien l’intérêt de Pierre Janet que celui des surréalistes, avec lesquels il se lie. Elle est construite autour d’un récit, celui du « cas Aimée », une patiente pour laquelle il crée une nouvelle catégorie, la « paranoïa d’autopunition ». La première partie de la thèse, très documentée, examine les théories psychiatriques de l’époque, partagées entre les tenants d’une causalité organique et ceux d’une conception psychogénétique de la psychose. Tous supposent qu’il y a une cause au délire. Pour Lacan, ce n’est pas ainsi qu’il faut penser. Il introduit la notion de personnalité en analysant de façon précise l’histoire et les écrits de sa patiente. Il s’intéresse aux rapports entre l’individu et le social, et au lien dynamique qu’ils entretiennent. En 1933, il publie, dans la revue surréaliste Le Minotaure, un article intitulé « Motifs du crime paranoïaque, le crime des sœurs Papin ». C’est le cas de cet assassinat d’une petite-bourgeoise par ses deux domestiques qui défraya la chronique à l’époque, et dont s’inspirera Jean Genet pour écrire Les Bonnes (1947). J. Lacan examine ce crime sous l’angle de la paranoïa, ici une folie à deux.