Les racistes, c’est toujours les autres… Et si, en réalité, nous l’étions tous ? Dans Sommes-nous tous racistes ? Psychologie des racismes ordinaires (Mardaga, 2012), Jacques-Philippe Leyens, professeur émérite de psychologie à l’université catholique de Louvain, défend l’idée que le racisme est présent en chaque être humain, et que refuser de voir cette réalité en face le rend plus difficile à combattre. Quels sont ses arguments ?
Pour bien comprendre votre propos, pourriez-vous indiquer comment vous définissez précisément le racisme ?
Je ne restreins pas le racisme à une ethnie particulière telle que les Noirs, les Maghrébins… Pour moi, il s’agit d’une attitude d’antagonisme, ou de condescendance méprisante vis-à-vis d’une personne en raison de son groupe d’appartenance, qu’il s’agisse des homosexuels, des femmes, d’une profession… Il ne s’agit pas d’une simple hostilité, celle-ci n’ayant rien à voir avec l’appartenance à un groupe. En ce sens, sans forcément nous en rendre compte, nous faisons tous preuve d’un racisme ordinaire, du moins, par accès. Peut-être certains, comme Nelson Mandela, Desmond Tutu ou le Dalai Lama, sont-ils des exceptions ?
Comment étudie-t-on ce racisme ordinaire chez des sujets qui ont tout intérêt à ne pas se présenter comme racistes ?
Il existe tout un arsenal de méthodes pour mesurer ce que les gens ne peuvent pas contrôler, comme leur temps de réaction. Par exemple, sur un écran, on présente de façon subliminale la figure d’une personne blanche ou noire. Et puis on fait lire des mots, auxquels les sujets vont réagir plus rapidement s’ils ont vu, à leur insu, l’une ou l’autre.