Vous aimez la célébrissime expérience de Milgram (voir le Cercle Psy n°10), dans laquelle de braves gens acceptaient d’envoyer des chocs électriques à des inconnus pour plaire à un expérimentateur en blouse blanche ? Vous allez raffoler de l’expérience de Timothy Wilson ! Son équipe de l’université de Virginie a demandé à des sujets de rester assis sans rien faire pendant quelques minutes. Seuls, dans un espace clos, sans téléphone, sans rien. Explicitement livrés à eux-mêmes pour une « thinking period », un moment de réflexion. Il y avait juste un petit bouton. Ils savaient que s’ils le pressaient, ils recevraient un choc électrique minime… Eh bien, dans une étude, sur 18 hommes, 12 ont fini par s’administrer au moins une décharge avant un quart d’heure. Les femmes ont été plus raisonnables : seulement 6 sur 24 ont appuyé sur le bouton. Un monsieur y a pris goût, puisqu’il s’est électrocuté volontairement 190 fois. Ainsi, plutôt s’électrocuter tout seul grâce à la seule action à sa portée, qu’attendre que le temps passe… 11 études différentes ont confirmé le phénomène, d’autant plus étonnant que les sujets affirmaient, en début d’expérience, qu’ils étaient prêts à payer pour éviter un choc électrique. Une question de génération, avec de jeunes geeks incapables de sombrer dans la contemplation sans tripoter une manette ou un clavier ? Non, l’âge des quidams variait de 18 à 77 ans.
Marc Olano