Né à Genève dans une famille calviniste, Jean-Jacques Rousseau vit une enfance mouvementée. Orphelin de mère et abandonné par son père, il fait son apprentissage sur le tas, au gré de ses fugues et de ses rencontres. Il devient ainsi précepteur, musicien, compositeur, écrivain et philosophe. Sa vie privée se montre tout aussi agitée. Ses cinq enfants sont tous élevés par l’assistance publique. Si J.J. Rousseau est resté dans les mémoires, ce n’est pas pour cette vie agitée, mais pour ses théories et ses idées.
S’inspirant, en les critiquant, des théoriciens du droit naturel, ainsi que de John Locke ou de Montesquieu, son objectif philosophique vise à montrer que l’homme, naturellement bon, peut résister au mal, qu’il juge inhérent à la civilisation. J.J. Rousseau s’oppose ainsi aux physiocrates et à la théorie développée par Thomas Hobbes sur la méchanceté naturelle attribuée à l’homme. Il développe sa thèse dès son premier Discours sur les sciences et les arts (1750), dans lequel il évoque l’état de la société de son temps, y voyant servitude, despotisme, inégalités, vice et guerre. Il reprend les idées critiques face au progrès de la civilisation que Montaigne ou Sénèque avait développées. Mais il va plus loin qu’eux dans sa critique. Dans son deuxième ouvrage, le Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes (1755), le philosophe explique d’où vient le mal dont souffre l’homme moderne. Prenant pour point de départ un état originel, dans lequel l’humanité était innocente, il retrace les étapes du processus de civilisation qui ont conduit à la dépravation de son temps. Ce niveau zéro, hypothétique et fictif permet de comprendre ce que la société a apporté à l’homme.