Sur Terre, l’achèvement de la décolonisation et la fin de la guerre froide ont eu pour conséquence la création de plusieurs dizaines de nouveaux pays indépendants, et donc d’autant de frontières internationales. En 1990, les Nations unies comptaient 159 membres. En 2020, ils sont 193, auxquels s’ajoutent quatre entités non membres ou non étatiques, soit un total de 197. C’est près de quatre fois le nombre de pays signataires (51) de la charte de San Francisco en 1945 qui définit les principes de l’Onu. Paul Valéry annonçait en 1945 : « Le temps du monde fini commence. » C’était un peu tôt, mais à présent nous y sommes. La Terre est presque entièrement couverte de territoires souverains, avec 311 frontières. Seul l’Antarctique n’est que divisé en zones de présence et de revendications. En mer, en revanche, le processus n’est pas achevé : sur quelque 450 frontières théoriques, un bon tiers seulement a été délimité.
Entre 1945 et 1975, nombre de territoires ont été incorporés par la force, notamment des vestiges d’anciennes colonies : Sahara espagnol, comptoirs indiens, îles du détroit d’Ormuz, Timor oriental… Aujourd’hui, cette forme d’appropriation territoriale est devenue un tabou. L’annexion en 1981 du Golan n’est pas reconnue. Celle des Malouines a été repoussée en 1982. L’invasion du Koweït par les forces irakiennes a déclenché une mobilisation internationale sans précédent en 1990. On a pu décompter 14 prises de gages territoriaux dans les années 1980, 10 dans les années 1990, et deux seulement dans les années 2000, ainsi que dans les années 2010.