On parle assez souvent des enfants victimes de violence familiale, mais pas de ceux qui en sont les « simples » témoins. Pourquoi cette différence de traitement ?
Pour plusieurs raisons. D’abord, parce que la lumière a longtemps été portée sur les violences faites aux femmes, avant qu’on s’aperçoive que les enfants eux-mêmes en concevaient une souffrance. Ensuite, les professionnels de la protection de l’enfance sont déjà submergés par les problèmes de violence directe sur l’enfant, et négligent cette forme indirecte que constitue le spectacle de la violence entre leurs parents. Enfin, on différencie violence conjugale et maltraitance de l’enfant, avec l’idée qu’on peut être un bon père même si on est un mari ou un compagnon violent. Pourtant, au Canada ou aux Etats-Unis par exemple, des études montrent que les enfants témoins de violence conjugale sont en souffrance et qu’il s’agit bien d’une maltraitance en soi. Celle-ci est psychologique pour la moitié des enfants, mais aussi physique pour l’autre moitié, car parmi les enfants dont la mère est victime de violence conjugale, un sur deux est également victime de coups par son père ou le compagnon de sa mère.