L’alternance électorale, c’est-à-dire la victoire d’un candidat de l’opposition face au camp sortant, est un phénomène paradoxal. Si elle ne se produit jamais, un pays ne peut prétendre être une vraie démocratie ; quand elle se produit à chaque élection, ce même pays peut être vu comme impossible à gouverner.
Pour évaluer son impact réel, trois économistes français, Benjamin Marx (IEP-Paris), Vincent Pons (Harvard Business School) et Vincent Rollet (MIT), ont collecté les résultats de 2 500 présidentielles et législatives tenues dans le monde depuis 1945, ainsi que les performances économiques, sociales et démocratiques des plus de 200 pays concernés. L’alternance se traduit dans les années qui suivent par un effet positif sur au moins deux des trois grands critères de performance économique : l’inflation et le chômage, avec également un impact positif mais moins significatif sur la croissance. Elle a aussi des effets positifs sur la performance démocratique du régime. L’effet est encore plus marqué quand le nouvel exécutif dispose de pouvoirs forts, quand les mécanismes de contrôle de son action sont plus faibles ou quand il est peu exposé à la mondialisation.