L'animal en Révolution

Annales historiques de la Révolution française, N° 377, juillet-septembre 2014, 282 p., 15 €

Que firent les animaux pendant la Révolution française ? Grâce à cette interrogation, la revue Annales historiques de la Révolution française livre un regard inédit sur les enjeux politiques, économiques et sociaux de la fin du 18e siècle. Bouleversement politique majeur, la période historique a provoqué des changements économiques notables. Près d’un siècle avant que s’impose la machine à vapeur, la productivité agricole et industrielle s’accroît grâce aux bestiaux. Ils bénéficient d’une place renouvelée au sein de la société, impulsée par les travaux de naturalistes. Dès les années 1770, Carl von Linné ou encore Buffon sensibilisent à ces questions en s’intéressant aux formes du vivant. Leurs travaux dépassent les sciences et soulèvent une question d’ordre politique : celle de la hiérarchisation entre les êtres vivants. Cependant, la proximité de l’homme et de l’animal ne parvient pas à s’imposer dans les esprits face aux enjeux économiques et sociaux. Pour Malik Mellah, les lettres adressées aux vétérinaires révèlent les préoccupations des propriétaires quant à la santé de leurs animaux… Pour qu’ils produisent davantage ! Pierre Serna explique qu’une police animalière se développe à Paris, avant tout pour protéger la société des accidents, des vols ou limiter l’insalubrité, porteuse de maladies. La Révolution française rapproche temporairement l’animal de l’humain, mais, comme le rappelle Déborah Cohen dans son étude des représentations bestiales pendant l’an II, cette parenthèse est rapidement refermée. L’intérêt pour les animaux prend fin subitement avec la Terreur. L’animal, un temps pensé proche de l’humain, redevient une bête.