Les cédraies libanaises renaîtront-t-elles de leurs cendres ? Selon les dernières estimations datant du début des années 70, la forêt ne couvrirait plus que 6% du territoire du Liban. Les quinze années de guerre n'ont rien arrangé. Or, les experts s'accordent à considérer qu'elle devrait couvrir 20% du territoire. La fin des hostilités, au début des années 90, a permis le lancement de plusieurs campagnes de reforestation. Parmi les plus originales : le projet d'assistance à la protection de la couverture végétale au Liban (financé par l'Union européenne). Il est mené conjointement par l'Office national des eaux et forêts et la Seca, une agence spécialisée dans l'aménagement, avec le concours du ministère de l'Agriculture libanais. Lancé en septembre 1996 pour une durée de trois ans, ce projet est mené à titre expérimental sur trois sites couvrant un millier d'hectares chacun. « L'objectif, précise Charles Dereix, son directeur, n'est pas tant de reboiser et d'interdire toute exploitation du bois, que de promouvoir une gestion durable de la forêt ».
A cette fin, Anna Charpin,
une anthropologue, a été associée au travail
des ingénieurs agronomes. « Ma première tâche, précise-t-elle, consiste à retracer l'histoire sociale des villages. » L'intérêt d'une telle approche : prendre en considération les régimes fonciers élaborés au cours
du siècle passé et qui déterminent encore pour partie l'exploitation
des terres. Une autre tâche consiste à repérer les usages que les populations villageoises font du bois afin de mieux adapter le choix
des essences aux besoins
et aux éventuels débouchés.
Troisième objectif : identifier les acteurs locaux suceptibles de relayer la dynamique du projet, soit les associations, les comités, les écoles... Cet aspect est d'autant
plus important que bien
des villages ne comptent
plus de maire, les dernières élections municipales organisées au Liban remontant à 1973... Enfin, l'anthropologue s'attache
à décrire l'impact réel
du pastoralisme sur la végétation Au fil
du temps, le travail sur le terrain a permis de percevoir d'autres potentialités, notamment l'écotourisme et la production de charbon de bois. Face au péril qui menace la forêt libanaise, l'anthopologue sait manifestement faire feu
de tout bois.
Références
Pour tout renseignement sur ce projet, on peut s'adresser à l'Office national des eaux et forêts ou à l'adresse E-mail : papcvl@inco.com.lb