L'argent ne fait (presque) pas le bonheur

Cet adage agace ceux qui en manquent, désole ceux qui en ont. Mais dans quelle mesure l’argent contribue-t-il un peu, beaucoup, ou pas du tout à notre sentiment de bien-être ?

Si le dicton est bien connu, il a fait couler beaucoup d’encre et de grands auteurs lui ont donné des suites éclairantes, comme Choderlos de Laclos dans Les Liaisons dangereuses, où la Marquise de Merteuil avoue que si l’argent ne fait pas le bonheur, « il le facilite beaucoup », ou comme Feydeau, se demandant « pourquoi les riches y tiennent tant » s’il ne rend même pas heureux. Et l’on rit de la réplique de Jeanne Moreau, dans La Vieille qui marchait dans la mer, assurant « qu’il vaut mieux pleurer dans une Rolls que dans une 2 CV ».

C’est plein de bon sens, mais encore ? Les fondateurs des psychologies humaniste et positive se sont penchés sur cette épineuse question.

Le minimum nécessaire

De quoi avons-nous besoin pour être heureux ? Le psychologue américain Abraham Maslow en a proposé une représentation, dès les années 1940, avec sa fameuse pyramide, proposant le socle des besoins physiologiques à la base, puis ceux de la sécurité, d’appartenance, d’estime, avant le besoin de s’accomplir au sommet de l’édifice. Si le sentiment de réalisation de soi est donc essentiel au bonheur le plus abouti, tout se tient, et point de salut sans la satisfaction des besoins élémentaires des deux premiers niveaux. S’accomplir reviendrait ainsi à franchir les échelons de la pyramide. Et à l’inverse, les frustrations les plus cruelles peuvent entraîner le développement de pathologies, voire d’un esprit de destruction, d’après le psychologue humaniste.