L'autisme : une autre intelligence. Diagnostic, cognition et support des personnes autistes sans déficience intellectuelle

Laurent Mottron, Mardaga, 2004, 235 p., 32 €.

Les personnes atteintes de tedsi (trouble envahissant du développement sans déficience intellectuelle), entité regroupant notamment l'autisme d'intelligence normale et le syndrome d'Asperger, seraient-elles des laissées-pour-compte ? Comme le souligne pertinemment Laurent Mottron, « les professionnels et le public français n'ont que peu ou pas intégré dans leur compréhension de l'autisme l'existence de personnes d'intelligence normale », l'image de l'enfant jeune et mutique restant prépondérante.

Ce chercheur installé au Canada est l'un des meilleurs spécialistes de la neuropsychologie de l'autisme. S'appuyant sur une abondante littérature scientifique et sa propre pratique clinique, il s'attache à montrer que l'autisme, perçu généralement comme un handicap, peut aussi être considéré comme une différence. Un tel changement de perspective vise à redonner un statut social aux personnes avec tedsi, une inscription avant tout symbolique car, de fait, elles parlent, lisent, écrivent, travaillent, vivent de manière autonome...

Mais l'ouvrage de L. Mottron n'est pas un vibrant plaidoyer humaniste. Outre des recommandations (la création de cliniques spécialisées, l'intervention précoce), il offre une synthèse bienvenue des connaissances sur les fonctions cognitives (mémoire, perception, etc.) altérées ou préservées et, de manière plus originale, sur les fonctions en surfonctionnement. L'auteur propose en particulier un modèle du surfonctionnement perceptif, qui concerne le niveau des opérations simples (comme le traitement phonologique ou les aspects perceptifs dans les échanges sociaux) et permettrait de mieux rendre compte de la différence des personnes avec tedsi.