« Toutes ces races, différentes par la couleur de peau ou par les coutumes, battront bientôt d'un seul coeur : le nôtre », déclame le commentateur sur un ton enthousiaste. Le film est en noir et blanc, des images d'autochtones défilent... On croirait voir un pastiche, tellement la voix off semble ironique. Et pourtant, on trouve de telles images dans les actualités de Gaumont ou les documentaires didactiques qui furent diffusés entre 1900 et 1960 dans les cinémas et les écoles de la métropole. On pouvait en voir une sélection lors de la semaine que le Forum des images de Paris a consacrée aux archives coloniales.
La projection de ces documents constitue en soi un événement, tant ces films demeurent difficilement consultables, a rappelé l'historien Pascal Blanchard lors d'une table ronde organisée sur le sujet, le 26 février dernier. La raison immédiate est d'ordre technique : la grande majorité de ces films n'ont pas été restaurés. Le sous-investissement de l'Etat français dans la sauvegarde de ce patrimoine filmique est fort dommageable à la recherche sur le colonialisme, qui accuse un fort retard en France. Et ce chercheur de regretter que les étudiants de l'université de Berkeley (Etats-Unis) aient à leur disposition un plus grand nombre de copies de films coloniaux que les doctorants français !