L'éducation des filles. De Christine de Pisan à Fénelon

« Rien n’est plus négligé que l’éducation des filles », écrit Fénelon, futur archevêque de Cambrai, en 1687, dans son traité De l’éducation des filles. On pourrait donc s’attendre à ce qu’il cherche à y remédier. Il n’en est rien. On peut en effet parler d’une véritable régression dans ce domaine quand on compare son propos à celui de Christine de Pisan (1365-v. 1430) dans Le Trésor de la Cité des Dames, composé trois siècles auparavant. Première femme de lettres à vivre de sa plume, en plein Moyen Âge, Christine de Pisan est un modèle exceptionnel d’énergie, d’érudition et de sens pratique. Née à Venise en 1364, elle est la fille d’un médecin et astrologue italien qui s’installe en 1370 à Paris, où il est conseiller du roi Charles V. Elle reçoit une bonne éducation, épouse à 15 ans un notaire et conseiller du roi, Étienne Castel, dont elle a trois enfants avant de devenir veuve à 24 ans.