L'éducation, un ascenseur social ?

Dans les pays occidentaux, et particulièrement en France, l’éducation reste le principal moyen de s’élever dans l’échelle sociale. De fait, au cours du XXe siècle, la mobilité sociale a été largement alimentée par l’augmentation massive de la scolarisation à partir des générations nées aux alentours des années 1930, qui s’accompagne d’une diminution des inégalités scolaires entre groupes sociaux. En 1920, on ne trouve par exemple que 4 % d’agriculteurs titulaires au moins du baccalauréat : ils seront 70 % en 1976. Ultérieurement, l’allongement de la scolarité des filles portera la massification de l’enseignement à un niveau inégalé : c’est aujourd’hui plus de 60 % d’une génération (et près de 70 % des filles) qui obtient le baccalauréat.

Mais ce sont les générations nées avant les années 1960 qui ont pu tirer tout le profit de cette expansion scolaire. Elles ont rencontré à leur arrivée sur le marché du travail une conjoncture de forte croissance économique et de développement massif de l’emploi qualifié. Mais les perspectives se dégradent dès les générations de 1955, qui à leur entrée dans la vie active dans les années 1970 sont confrontées à une conjoncture dégradée (crise pétrolière, croissance qui s’essouffle, chômage en constante augmentation). De plus en plus nombreux alors que l’activité ralentit, les diplômés peinent davantage à trouver la position que leur niveau scolaire leur permettait d’espérer. À tel point qu’aujourd’hui, des sociologues comme Marie Duru-Bellat se demandent s’il faut poursuivre l’inflation scolaire, c’est-à-dire l’encouragement à la prolongation des études, étant donné qu’il n’y aura pas, dans le contexte actuel, d’emplois qualifiés pour tout le monde