Alors que les discussions autour de l'amendement Accoyer (visant à réglementer les psychothérapies) commencent à s'atténuer, une expertise collective de l'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) risque fort de les relancer... Cette expertise s'inscrit dans le cadre du Plan santé mentale, mis en place par le ministère de la Santé en 2001. Un groupe d'experts (psychiatres et psychologues, mais aussi épidémiologistes et statisticiens) s'est penché sur un millier d'articles issus de la littérature scientifique internationale, afin d'évaluer l'efficacité de différentes approches psychothérapiques sur un large panel de troubles affectant les adultes, les enfants et les adolescents, des troubles anxieux à la schizophrénie ou l'autisme.
En « compétition » : l'approche psychodynamique, basée sur la théorie psychanalytique et faisant partie des thérapies dites verbales ; l'approche cognitivo-comportementale, qui se fonde non sur la recherche de l'origine des troubles, mais sur la disparition des symptômes (par étapes progressives, plaçant le patient dans des situations concrètes) ; enfin l'approche s'appuyant sur la famille et le couple. D'une manière générale, cette expertise souligne que le recours à la psychothérapie, quelle qu'en soit la nature, est plus bénéfique que l'absence de traitement. Mais elle conclut surtout à une plus grande efficacité de la thérapie cognitivo-comportementale, dans la plupart des troubles mentaux : trouble anxieux généralisé, phobie sociale, état de stress posttraumatique. Pour la dépression (ainsi que la dépression majeure de l'adolescent) ou les troubles du comportement alimentaire (boulimie, anorexie), les résultats sont davantage nuancés, aucune forme psychothérapique ne se distinguant réellement par sa plus grande efficacité.
Les auteurs de ce travail reconnaissent les problèmes soulevés par une telle expertise (subjectivité des mesures, biais possibles...), mais cela n'a pas pour autant permis d'éviter de vives réactions. Par exemple, pour Roland Gori, professeur de psychopathologie à l'université d'Aix-Marseille, il est difficile d'évaluer la pratique thérapeutique. Il voit dans cette expertise une « machine de guerre contre la psychanalyse », ainsi que la volonté de « ramener la psychopathologie et la psychiatrie sous protectorat médical » (Le Monde, 26 février 2004). Affaire à suivre...
Références
« Psychothérapie, trois approches évaluées », éd. Inserm, 2004 (pour commander, tél : 01 44 23 60 00). La synthèse est accessible sur le site Internet http://www.inserm.fr