L'EFT : les émotions du bout des doigts ?

Se libérer de ses douleurs et angoisses via une technique utilisant le tapping, le tapotage de points du corps avec le bout des doigts : c’est la promesse de l’EFT – Emotional Freedom Technique. D’où vient-elle ? Qui la pratique ? Ses effets sont-ils avérés ?

La cause de toute émotion négative est une perturbation du système énergétique du corps ». Ainsi pourrait-on résumer le postulat à la base de l’Emotional Freedom Technique, volontiers désignée sous son acronyme EFT, voire sous le nom d’EFT Tapping. Inspirée des médecines traditionnelles chinoises, parfois définie comme une « acupuncture sans aiguilles » parce qu’elle utilise les méridiens du corps, l’EFT revendique pourtant sa filiation américaine. Et elle est, en effet, indissolublement liée au nom de Gary Craig, son fondateur. Son origine, quelque peu atypique, mérite à elle seule le détour. Au fondement de l’EFT, on trouve la Thought Field Therapy (TFT), ou thérapie du champ mental, développée par le Dr Roger Callahan. Dans les années 1980, ce dernier suivait en psychothérapie une femme ayant une phobie de l’eau. « Après plusieurs séances infructueuses, et alors que la patiente lui disait avoir une gêne à l’estomac à la simple évocation de l’eau, Callahan, qui s’intéressait aux techniques méridiennes, lui a proposé de stimuler un point placé sous son œil. Le dérangement de la patiente ayant disparu, celle-ci s’est même précipitée vers la piscine, relate Geneviève Gagos, praticienne et formatrice EFT, co-fondatrice et présidente de l’Association française EFT. Après ce succès, Callahan a mis au point la TFT, sous la forme d’algorithmes basés sur différents points à stimuler selon le cas traité. » C’est là qu’intervient Gary Craig, ingénieur diplômé de l’Université de Stanford, attiré par les techniques de développement personnel et la programmation neurolinguistique (PNL). Intéressé par le procédé de Callahan, Craig décide de le rencontrer et s’aperçoit qu’en suivant ses algorithmes, il ressort certains points que l’on peut stimuler par acupressure selon une technique applicable par tous. L’EFT est née.

Des effets prouvés ?

Alors qu’il met au point sa technique de libération émotionnelle dans les années 1990, Craig ne mise pas sur sa large diffusion auprès du public. « En 1995, Gary Craig ne s’attendait pas au succès de l’EFT, pensant que cela n’intéresserait qu’une quarantaine d’individus souffrant de phobies, note ainsi Geneviève Gagos. Mais les personnes phobiques traitées en EFT voyaient également d’autres symptômes disparaître, comme les maux de tête par exemple. »

Craig, qui partage ses découvertes sur le Net, voit rapidement sa lettre d’information en ligne gagner jusqu’à 500 000 abonnés. Outre-Atlantique, environ 10 millions de personnes pratiqueraient actuellement l’EFT. La technique commence à essaimer en Europe dans les années 2000. Un succès qui tient à son caractère très accessible. « Dans l’EFT, nous utilisons un processus en deux volets simples, dans lequel nous nous ‘‘branchons’’ d’abord mentalement aux problèmes spécifiques, tout en stimulant certains points méridiens sur le corps en les tapotant avec nos doigts, détaille la praticienne Françoise Vaché. Le processus de tapping de base est facile à apprendre, peut être fait n’importe où, et utilisé pour fournir d’impressionnants résultats par soi-même. » Une accessibilité qui permet aussi de pratiquer l’EFT avec les enfants : « Avec eux, l’EFT doit être ludique, avec une réelle écoute et une empathie quel que soit le problème à traiter, ajoute Françoise Vaché. Parfois quelques minutes sont suffisantes pour gérer une grosse colère ou une peur. »

Pour la praticienne EFT, si l’attention et la patience sont deux maîtres-mots de la technique, la précision est également nécessaire : « Pour prendre un exemple de base, dans le cas d’un problème physique, il faut évoquer ce problème, mesurer l’intensité de 0 à 10, et s’accepter de toute façon (‘‘Même si j’ai cette douleur au bras droit, je m’accepte totalement et profondément…’’), en tapotant le Point Karaté [situé sur la tranche extérieure de la main, ndlr] cinq à sept fois. Il faut ensuite tapoter des points du corps en prononçant une phrase de rappel, évaluer à nouveau l’intensité, et reprendre tant que l’on n’est pas arrivé à zéro. »