La condition des femmes dans les sociétés du Moyen-Orient fait régulièrement l’objet de rapports et d’ouvrages, attirant l’attention médiatique. En 2017, une enquête internationale soulignait ainsi que les perceptions masculines en matière de genre demeuraient inégalitaires dans la région 1. Les femmes y sont encore largement définies par leurs rôles d’épouse et de mère, plutôt que par leurs accomplissements professionnels.
Leur faible participation économique est le reflet de ce constat. Les trois quarts des hommes interrogés dans cette enquête soutiennent d’ailleurs la priorité des hommes par rapport aux femmes dans l’accès à l’emploi. Dans les relations familiales, une majorité d’hommes pensent que leur rôle est de surveiller les mouvements des femmes et filles de leur ménage, une pratique que la plupart disent avoir développée dès l’enfance. Les hommes contrôlent aussi fréquemment les prises de décision dans les ménages, de même que les espaces politiques.
Les droits civils et politiques, enjeux de mobilisation
Tout autant que l’empowerment économique féminin, les droits civils et politiques constituent toujours un enjeu de mobilisation pour les femmes du Moyen-Orient. Ainsi, au Liban et en Jordanie, la nationalité se transmet exclusivement par le père. En conséquence, une femme mariée à un étranger ne peut transmettre sa nationalité à ce dernier, ni même à ses enfants. Des organisations de défense des droits des femmes se mobilisent auprès des autorités gouvernementales et d’institutions internationales dans l’espoir de faire cesser ce qu’elles estiment être une discrimination fondée sur le genre. Le déficit de représentation politique des femmes est également marqué dans la région. Au Liban, la première femme ministre a été nommée en 2004, et les postes ministériels sont encore actuellement rarement dévolus à des femmes. En Jordanie, seuls 12 % des sièges au Parlement étaient détenus par des femmes en 2013, d’après un rapport sur les droits des femmes dans les pays de la Ligue arabe établi par la fondation Thomson Reuters 2. Les Palestiniennes ont voté pour la première fois à des élections législatives en 1996. Les femmes des Émirats arabes unis ont obtenu le droit de vote ainsi que celui de se faire élire en 2002, et les Koweïtiennes en 2005. Quant aux Saoudiennes, elles ont obtenu le droit de voter et de se présenter aux élections municipales en 2015 seulement.