Harcèlement scolaire, humiliation, racket, naissance traumatique, adoption, deuil, cambriolage, accident de voiture, catastrophe naturelle, guerre, abus sexuel… Multiples sont les vécus pouvant traumatiser un enfant et affecter son développement. Tout comme les adultes, les enfants réagissent de manière variable aux événements de vie déstabilisants. La plupart parviendront rapidement à dépasser l’impact émotionnel de l’épisode tandis que d’autres resteront bloqués, au point de développer des symptômes handicapants (peur de se retrouver seul avec un homme dans le cas d’un abus sexuel, par exemple), voire un état de stress post-traumatique (ESPT).
En 1991, dans l’American Journal of Psychiatry, la psychiatre Lenore Terr distingue deux types de traumas. Le type 1 fait référence aux épisodes uniques et imprévisibles tels qu’un accident de la route ou un cambriolage. Tandis que le type 2 se rapporte à des expériences persistantes et anticipées comme des situations de harcèlement scolaire ou d’abus sexuel (ce trauma risque tout particulièrement d’induire un ESPT, compte tenu de son caractère répété et prolongé). Les symptômes sont variables d’un enfant à l’autre : baisse d’appétit, pleurs répétés, cauchemars, difficultés d’apprentissage, échec scolaire, accès de colère, refus d’aller se coucher, etc. Que l’évènement vécu par l’enfant paraisse important ou non aux yeux de l’adulte, l’émergence de telles réactions nécessite une consultation chez un spécialiste. Oui, mais lequel ? Dans le cas du traitement des souvenirs traumatiques, une psychothérapie a largement fait ses preuves : l’EMDR (Eye-Movement Desensitization and Reprocessing, ou Désensibilisation et Retraitement par les Mouvements Oculaires).
Aider l’enfant à « digérer » son souvenir traumatisant
Comment fonctionne l’EMDR ? Imaginons que Mathéo, 5 ans, ait assisté au suicide de son voisin, par arme à feu. Face au choc émotionnel induit par la scène, son cerveau risque de rester bloqué sur cet épisode au point d’entraîner toute une série de symptômes tels que des cauchemars, une peur de quitter sa maison, des accès d’anxiété à la vue d’une arme à feu même s’il s’agit d’un jouet, une baisse d’appétit, etc. Cet épisode s’associe à des images (le voisin allongé, la vue du sang, l’arme au sol), à des bruits (des cris, des pleurs, l’impact de la détonation), à des pensées et des sentiments (j’ai peur, je suis en danger). Décryptage : face à l’ampleur émotionnelle de la scène, le cerveau disjoncte et n’est alors plus en mesure de traiter l’information comme il le fait habituellement. Ce souvenir est « emprisonné » dans le système nerveux de l’enfant sans qu’il en ait conscience, occasionnant des altérations sur le plan émotionnel (cauchemars, pensées envahissantes, peurs). L’EMDR souscrit alors deux objectifs : « débloquer » ce souvenir, et aider le cerveau à le « digérer » en re-traitant correctement l’information. Pour ce faire, l’EMDR repose sur un protocole composé de huit étapes (voir encadré ci-dessous).