Aux fondements de la société et de la civilisation, il y a, selon Louis Roussel, l'interdit, l'arrachement au présent et la prise en compte du long terme comme facteur de préservation de l'espèce humaine. Dans cet essai, la thèse centrale de l'auteur, connu pour ses travaux sur la famille, fait du traitement actuel de l'enfance un facteur des risques de barbarie qui, aujourd'hui, pèsent sur nos sociétés.
Le système éducatif contemporain, fondé selon L. Roussel sur la séduction de l'enfant, mènerait à l'oubli du passé, au désintérêt pour l'avenir et au repli sur le présent. Les modèles éducatifs actuels survalorisent l'enfant et le traitent selon des critères purement psychologiques. Il n'est question que de l'aider à développer son potentiel, et non de le façonner, ou encore de respecter son être profond, et non de lui transmettre des normes. Mais, selon l'auteur, cette protection exagérée de l'enfant, son enfermement dans les seuls plaisirs du présent, préparent sa fragilité et son inconsistance futures. L'absence de confrontation au principe de réalité, l'oubli des interdits fondamentaux amèneraient à terme une infantilisation de la société en général.