« Etes-vous pour ou contre la fessée ? » Avec le niqab, c’est certainement la question qui a le plus fait l’objet des micro trottoirs diffusés dans les journaux télévisés français ces derniers jours. Le mardi 27 avril, sous l’égide du Conseil de l’Europe à Strasbourg, les opposants à la violence sur les enfants ont organisé un débat sur la fessée, à l’occasion de ses 30 ans d’interdiction en Suède. Parmi les participants, la députée française et pédiatre bien connue Edwige Antier, qui avait déposé en janvier dernier une proposition de loi pour abolir tout châtiment corporel infligé à l’enfant.
Quel est le point de départ de la tempête politico-médiatique actuelle sur cette question ? Ils s’agit en fait de l’étude réalisée par des chercheurs de l’Université Tulane, de la Nouvelle-Orléans, dont les premiers résultats ont été communiqués le 12 avril sur le site Internet de l’établissement. L’étude complète est publiée dans le numéro de mai de la revue scientifique Pediatrics, éditée par l’Académie américaine de pédiatrie (American Academy of Pediatrics). Cette recherche conclut que les enfants régulièrement fessés à l’âge de 3 ans sont susceptibles de se montrer plus agressifs dès l’âge de 5 ans. L’équipe de chercheurs de la Nouvelle-Orléans a demandé à 2 461 mères américaines à quelle fréquence elles administraient des fessées à leur enfant sur un mois : 45,6 % de ces mères n’avaient pas donné de fessée dans le mois, 27,9 % avaient administré une à deux fessées à leur enfant dans la même période, et un dernier groupe représentant 26,5% des mères interrogées avait donné plus de deux fessées à leur enfant au cours du mois. Dans le cadre de cette étude longitudinale, les mères ont également été interrogées sur le niveau d’agressivité de leur enfant entre 3 et 5 ans. Il apparaît que les enfants recevant plus régulièrement des fessées à 3 ans sont plus agressifs à 5 ans : ils crient plus que les autres, font preuve de plus de méchanceté à l’égard d’autrui, se battent et menacent davantage leur entourage. Les chercheurs ont également pris en compte les autres facteurs de risques liés à l’agressivité de l’enfant, comme l’environnement familial, l’usage de drogues et d’alcool dans la famille, le niveau de stress des parents : ils soulignent que ces facteurs ne remettent pas en cause le lien de causalité entre le nombre de fessées et le niveau d’agressivité de l’enfant.