L'expérience de Milgram 1961, Yale

Un psy multitâche

Et voici l’expérience la plus célèbre de toute l’histoire de la psychologie. La plus inattendue, la plus discutable d’un point de vue éthique, la plus dérangeante pour ce qu’elle révèle de l’être humain (quoi que celle de la prison de Stanford, 10 ans plus tard, soit du même acabit).

Stanley Milgram (1933-1984) a toujours nourri de multiples centres d’intérêt. Sous la direction de Gordon Allport, il a étudié les effets du conformisme déjà isolés par Solomon Asch, mais dans le domaine auditif : il a passé dix-huit mois en Europe à faire écouter des sons plus ou moins brefs, et a montré qu’on est capable de nier ce qu’on entend pour se conformer à l’évaluation des autres… qui pourtant se trompent manifestement (à ce petit jeu, les Français semblent moins conformistes que les Norvégiens).

Milgram va aussi émettre l’hypothèse des six degrés de séparation, selon laquelle il ne faut pas plus de six intermédiaires pour relier deux personnes dans le monde. Il sera à l’occasion cinéaste, et si anticonformiste que lorsqu’il parcourt les couloirs de son université pour annoncer l’assassinat de Kennedy, beaucoup se méfient, croyant à une nouvelle expérience.

• Stanley Milgram. (1963). Calmann-Lévy, 1994. • Nicolas Guéguen. . Dunod, 2014.