L'hypnose à l'épreuve de la science

Tout le monde connaît quelqu’un qui connaît quelqu’un qui connaît quelqu’un qui a arrêté de fumer après une ou deux séances chez un hypnothérapeute. Au premier abord, l’optique semble séduisante, tant elle est efficace. Mais l’est-elle réellement ? Dans quel cadre l’hypnose a-t-elle fait ses preuves ? Une équipe de chercheurs de l’Inserm s’est penchée sur ces questions. Pour mieux cibler cette forme de thérapie, ils en distinguent trois fonctions : l’hypnosédation qui est utilisée en anesthésie, l’hypnoanalgésie qui vise à apaiser la douleur, et l’hypnothérapie qui est employée à des fins psychothérapeutiques. C’est en décortiquant la littérature scientifique que l’équipe de Bruno Falissard a pu évaluer son efficacité. Différents champs d’intervention ont été passés en revue : la chirurgie, les soins dentaires, la psychiatrie et l’addictologie, la santé des femmes avec la fatidique question de l’accouchement, les troubles digestifs… Les résultats de leur enquête s’avèrent nuancés. L’hypnose présenterait un réel intérêt thérapeutique dans le traitement du syndrome du côlon irritable, qui se caractérise par des douleurs au ventre, des ballonnements, des diarrhées ou des constipations. Autant de symptômes que des séances régulières d’hypnothérapie permettraient de limiter. L’hypnose aurait également fait ses preuves au cours d’épisodes chirurgicaux ou radiologiques douloureux, tels que des biopsies mammaires ou les arrachages des dents de sagesse. La pratique de l’hypnose permettrait alors de réduire l’administration des médicaments antalgiques ou sédatifs pendant ladite opération. En revanche, la revue de littérature n’a pas permis de confirmer l’efficacité de l’hypnose dans le cadre de différents champs, dont la prévention de la dépression post-partum, la schizophrénie, la gestion de la douleur pendant l’accouchement et… le sevrage tabagique. Pour autant, l’équipe se montre favorable à l’introduction de cette thérapie dans l’univers médical, contraignant les praticiens à repenser les stratégies classiques.