L'idée de race

L’idée de race. Histoire d’une fiction. Frédéric Monneyron et Gérard Siary, Berg International, 2012, 184 p., 19 €.

On a beaucoup écrit sur la race et le racisme, au point de penser que tout a déjà été dit. Le point de vue très large développé ici est toutefois instructif. La notion de race y est présentée comme le vecteur de diffusion de récits mythiques d’appartenance, depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours. L’enquête commence en Grèce antique, où l’on n’a pas vraiment observé de conflit racial, ni de rejet de l’étranger. Bien que l’identité citoyenne se soit rigidifiée dans certaines cités après les guerres médiques (comme à Athènes), la frontière entre Grecs et Barbares est restée mouvante et perméable. L’origine du motif racial remonte plutôt à la Rome antique. À la fin de l’Empire se développe l’idée de gens, c’est-à-dire de la lignée noble remontant à un ancêtre mythique. À cette même époque, la carte ethnique de l’Europe se met en place et installe l’idée d’un rapport entre le climat et le type psychologique des peuples, avec Rome et son peuple éclairé au centre du monde.